Catégorie: Actualité
Date de publication: juillet 04, 2024

Le guide complet de lutte contre les mouches de terreaux (mouches sciarides) et les mouches des rivages

Comprendre la mouche de terreaux (mouche sciaride) et la mouche des rivages

Bien qu'ils soient souvent confondus parce qu’on les trouve dans des environnements similaires, la mouche de terreaux et la mouche des rivages sont des ravageurs distincts qui requièrent des stratégies de lutte différentes.

La mouche de terreaux, également connue comme mouche sciaride, prolifère dans les espaces de culture humides, tels que les serres, les pépinières et les chambres de culture. Ce ravageur pose particulièrement problème dans les aires de multiplication, car la terre humide offre aux larves un endroit où elles peuvent maturer sans se dessécher et une abondance de sources de nourriture telles que les moisissures et les champignons dans le substrat.

Remarque : les larves sont présentes dans les 2 à 3 premiers pouces du substrat et se retrouvent partout à la surface, sur les côtés et en dessous de celui-ci.

Le problème principal posé par la mouche de terreaux aux producteurs de légumes et de plantes ornementales sous serre est la transmission de maladies. En effet, la mouche de terreaux est attirée par les plantes malades, dont elle se nourrit, et elle transmet les spores pathogènes aux plantes avoisinantes dans ses excréments. Elle risque dans certains cas d'endommager considérablement les racines. Cela se produit principalement en cas d'infestation massive de larves.

Chez le cannabis, la mouche de terreaux peut nuire au rendement en contaminant les poils glandulaires résineux quand les adultes volants s'y collent, ce qui rend les bourgeons invendables ou suscite des réclamations de la part des consommateurs. Les problèmes graves liés à la mouche de terreaux sont presque toujours signe d'un problème sous-jacent, comme la pourriture des racines ou une infestation de pucerons des racines, qu'il faut d'abord traiter avant de lutter contre la mouche même.

Comme la mouche des rivages se nourrit rarement (voire jamais) des racines des plantes, elle constitue surtout un problème pour les producteurs en ce qui concerne la transmission de maladies et l'esthétique, que ce soit à cause des mouches elles-mêmes ou de leurs excréments. Les adultes de la mouche des rivages peuvent porter dans leurs intestins des spores de Pythium, qui se développent sur les plantes environnantes après avoir été excrétées. Les adultes risquent également d'être porteurs d'autres maladies courantes des plantes, telles que Fusarium oxysporum et Theilaviopsis basicola. La contamination fécale des plantes ornementales sous la forme de taches noires sur le feuillage et sur les fleurs les rend impropres à la vente, puisque l'acheteur les refusera, et des pertes économiques considérables peuvent en résulter. Une population importante de mouches des rivages adultes dans une culture peut nuire aux conditions de travail du personnel quand elles rentrent dans leurs yeux ou sont aspirées.

Alors que la mouche de terreaux se nourrit principalement de matières végétales en décomposition et de champignons de sol, la mouche des rivages se nourrit principalement d'algues et de champignons de sol. Préférant généralement des conditions plus humides que la mouche de terreaux, la mouche des rivages ne pose problème que dans des conditions extrêmement humides, par exemple dans les installations de reproduction où l'on observe le développement d'algues sur le substrat et/ou sur le sol.

Scatella stagnalis est l'espèce principale de mouche des rivages que l'on trouve dans les installations de culture au Canada. La mouche des rivages est l'une des espèces de ravageurs les plus résistantes aux insecticides. Il est donc préférable d'utiliser des techniques culturales et de biocontrôle pour la traiter plutôt que des produits chimiques.

D'où viennent la mouche de terreaux et la mouche des rivages?

Les mouches de terreaux et des rivages sont toutes deux indigènes à l'Amérique du Nord. Elles sont donc présentes en permanence dans les environs de votre jardin et attendent l'occasion de s'y établir. En théorie, elles pourraient être introduites comme pupes dormantes dans un substrat à base de coco ou de tourbe, mais elles peuvent tout aussi bien provenir d'une plante d'intérieur, des égouts ou de l'extérieur. Les deux insectes sont omniprésents, et si les conditions sont favorables, leur présence est généralement assurée.

Identification — la mouche de terreaux

Les genres de mouches de terreaux les plus courants qui endommagent les cultures sont Bradysia sp. et Lycoriella sp. Les mouches adultes sont grises et noires, avec de longues antennes segmentées, de longues pattes et des ailes ayant une nervation en Y caractéristique. Elles ne volent pas très bien et leurs vols sont courts et erratiques. Les femelles peuvent déposer jusqu'à 200 œufs dans le substrat de culture au cours de leur vie lorsque les conditions ambiantes sont humides et chaudes. Les œufs sont minuscules, jaunâtres et généralement déposés près des racines des plantes. Une fois écloses, les larves sont dépourvues de pattes (comme un vers) et possèdent une tête noire bien marquée munie de pièces buccales mordantes. Les mouches sciarides infligent tous leurs dégâts au stade larvaire, où elles se nourrissent des racines jusqu'à ce qu'elles se transforment en pupes dans le sol. La pupe est d'une blanche cassée et devient jaune ou brune au fil du temps, avec des rainures annulaires. Elle reste en dormance dans le sol jusqu'à ce que l'adulte ailé émerge pour recommencer le cycle.

Identification — la mouche des rivages

La mouche des rivages ressemble à une mouche sciaride mais plus robuste, avec un corps sombre, de courtes antennes et cinq taches distinctes de couleur claire sur chaque aile. Elles volent mieux et sont plus rapides que la mouche de terreaux. Les larves sont brun fauve, avec huit paires de pattes courtes et une trompe respiratoire avec des stigmates sombres à l'extrémité postérieure, avec une tête non distincte (par opposition à la tête distincte/blanche et noire de la mouche de terreaux). Les larves de la mouche des rivages se trouvent principalement dans la couche supérieure du sol, leur tête pénétrant dans la couche d'algues pour se nourrir. Les œufs sont déposés individuellement à la surface des algues et les pupes se développent à la périphérie du tapis algaire. Elles n'endommagent pas directement la plante. Les pupes sont brunes à brun foncé, recourbées et fuselées aux deux extrémités. Elles mesurent environ 2 à 3 mm de long et possèdent également des stigmates sombres à l'extrémité postérieure.

Dégâts — Mouche des rivages

Signes caractéristiques des dégâts causés par la mouche des rivages :

  • Taches fécales sur les feuilles et les fleurs
  • Envolées de mouches lorsque l'on frôle les plantes

Dégâts — Mouche de terreaux

Signes caractéristiques des dégâts causés par la mouche de terreaux :

  • Plantes jaunies
  • Flétrissement
  • Mouches adultes collées aux trichomes (chez le cannabis)
  • Traces gluantes sur la surface du substrat
  • Larves visibles dans les tiges creuses lors de l'enracinement (poinsettia, etc.)

Contrôle cultural

Les stratégies suivantes s'appliquent en grande partie aux deux espèces :

  • Traiter le problème sous-jacent : une infestation de mouches de terreaux est souvent le signe d'un problème cultural sous-jacent tel qu'une maladie des racines, une surfertilisation, un arrosage inadéquat, une infestation de pucerons des racines ou une phytotoxicité résultant des applications de pesticides. Une infestation de mouches des rivages est généralement due à une prolifération d'algues ou, parfois, à une prolifération fongique résultant de quantités élevées d'engrais organiques dans le milieu de culture.
    • Remarque : Réglez d'abord ces problèmes avant d'aller de l'avant.
  • Laisser le substrat sécher entre les cycles d’arrosage : en laissant le substrat sécher entre les arrosages, on réduit le taux de survie des œufs des deux espèces et on dissuade les femelles de les déposer. Dans le cas des mouches des rivages, ces périodes de sécheresse contribuent également à limiter la prolifération des algues.
  • Éliminer les plantes touchées : en arrachant les plantes dont les racines sont pourries, on réduit les sources de nourriture des ravageurs ainsi que les spores pathogènes.
  • Porter attention à l'utilisation des engrais organiques (surtout les préparations sèches) : l'utilisation des engrais peut favoriser le développement des populations de mouches de terreaux parce qu'ils augmentent l'activité microbienne, en particulier celle des fonges. Ce problème peut parfois s'avérer particulièrement grave. Les fonges font partie intégrante de l'alimentation de la mouche de terreaux, et une alimentation riche en fonges leur confère une plus grande vitalité.
  • Vérifier les siphons de sol : les bouches d'écoulement sont souvent le foyer de colonies qui passent d'une culture à l'autre et qui survivent grâce à l'humidité et aux films biologiques. On doit les traiter à l'acide, au H202, etc., pour éliminer les biofilms et les insectes qui restent.
  • Réduire l’humidité : on ne doit pas laisser humides les surfaces sous les établis et dans les aires de production.

Contrôle physique

  • Pièges collants jaunes en plaques et en ruban : on doit poser les pièges près du sol pour les meilleurs résultats. Ils réduiront progressivement l'infestation en attirant et en piégeant les femelles adultes, réduisant ainsi le nombre de nouveaux œufs déposés. Il faut savoir qu'une femelle peut déposer jusqu'à 200 œufs au cours de sa vie; l'élimination de chacun d'entre eux entraîne donc une forte réduction de la pression. Les pièges collants sont des outils très performants à condition d'être disposés en quantité suffisante à proximité d'une surface moyenne. Choisissez la couleur jaune!

Contrôle biologique

  • Entomite-M (Stratiolaelaps scimitus) : cet acarien prédateur terricole, anciennement connu comme Hypoaspis miles, se nourrit de tous les stades de développement des mouches de terreaux et des rivages. En général, on introduit Stratiolaelaps une fois lors de la mise en culture et il se reproduit dans le substrat, bien qu'on le réintroduise souvent à des intervalles de 6 à 8 semaines en cas de forte pression.
  • Entonem (Steinernema feltiae) : on emploie ce produit contre les larves de la mouche de terreaux. Ce nématode bénéfique tue les larves en pénétrant dans leur corps, puis en libérant des bactéries symbiotiques qui les transforment en source de nourriture. On doit l'appliquer une fois par semaine pour briser le cycle biologique du ravageur. Il permet également de lutter contre les pupes de thrips qui se trouvent dans le sol.
  • Capsanem (Steinernema carpocapsae) : on emploie ce produit contre les larves de la mouche des rivages. Comme Entonem, ces nématodes pénètrent dans le corps du ravageur puis libèrent des bactéries symbiotiques, le transformant en source de nourriture. On doit l'appliquer une fois par semaine pour briser le cycle biologique du ravageur.
  • Atheta (Dalotia coriaria) : ce produit comporte un prédateur généraliste qui s'attaque à la fois aux mouches de terreaux et des rivages. Les coléoptères adultes et larvaires recherchent activement les œufs, les jeunes larves et les pupes des mouches et s'en nourrissent. Mobiles, les insectes peuvent se répartir dans une serre ou une chambre de culture pour mener une lutte efficace, mais ils ne sont pas en mesure de protéger contre les mouches des rivages larvaires qui résident dans l'eau stagnante. Le produit permet également de lutter contre les pupes de thrips qui se trouvent dans le sol. Les résultats de traitement avec Atheta sont parfois variables, c'est pourquoi nous recommandons de l'employer en complément de prédateurs plus fiables tels que l'Entomite ou les nématodes (Entonem/Capsanem).
  • Champignons entomopathogènes : bien qu'on ne les emploie pas couramment, plusieurs produits antiparasitaires à base de champignons entomopathogènes se sont révélés efficaces contre les pupes des mouches de terreaux quand on les applique sur le substrat.
  • Autres auxiliaires de culture : on trouve souvent d'autres auxiliaires de culture qui contribuent à la lutte contre ces mouches qui se manifestent parfois naturellement dans les cultures au Canada. Ces agents de lutte biologique additionnels constituent une conséquence positive de l'adoption d'une approche naturelle de lutte antiparasitaire, puisqu'ils sont souvent éliminés dans le cadre des programmes de pulvérisation traditionnels.
    • Gaeolaelaps gillespiei est un acarien prédateur terricole indigène, dont l'action est similaire à celle de Stratiolaelaps scimitus.
    • Coenosia attenuate est une mouche prédatrice généraliste. Les adultes se nourrissent des mouches de terreaux et des rivages, et à l'état larvaire, elles s'attaquent à toutes les phases de vie terricoles de ces mouches.
    • Deux parasitoïdes courants, Synacra paupera (parasitoïde de la mouche de terreaux) et Hexacola neoscatellae (parasitoïde de la mouche des rivages), se présentent parfois en grandes quantités par hasard naturel.
  • BTI (Bacillus thuringiensis israelensis) :une bactérie qui produit une protéine cristalline toxique pour les larves de ces mouches lorsqu'ingérée, cet auxiliaire de culture se trouve dans plusieurs insecticides commerciaux et est également vendu comme « Mosquito Dunk ». La BTI peut s'avérer efficace contre les mouches de terreaux lorsqu’on l'applique par arrosage modéré, mais elle ne protège pas contre les mouches des rivages.
  • Terre de diatomées : ce produit est composé de fragments fossilisés d'un type de microalgue à coquille dure. On l'utilise parfois dans les petites exploitations de culture pour lutter contre les mouches de terreaux et des rivages. Les bords tranchants des particules déchiquètent l'exosquelette des insectes, qui se déshydratent et meurent en conséquence. Bien qu'assez efficace, ce produit est rarement utilisé en exploitation commerciale en raison de son coût élevé et de sa capacité à irriter les poumons (ce qui est particulièrement problématique pour le cannabis commercial).

Conclusion

Une lutte efficace contre les mouches sciarides et les mouches des rivages nécessite une approche polyvalente qui combine une identification correcte et des méthodes de contrôle cultural, physique et biologique. Selon la culture et le substrat, la lutte contre les mouches de terreaux peut nécessiter une modification importante des apports, car la croissance de leur population dépend de la quantité de matière végétale en décomposition et les sources de nourriture à leur disposition. Les plantes à croissance rapide, comme le cannabis ou les légumes, perdent beaucoup plus de racines vieillies qu'une plante tropicale à croissance lente. C'est pourquoi la lutte antiparasitaire nécessite davantage d'apports de biocontrôle. En mettant en œuvre ces stratégies, vous pouvez éviter/limiter efficacement les infestations de mouches de terreaux et des rivages, tout en assurant la santé et la vitalité de vos plantes. Vous obtiendrez ainsi un meilleur rendement.

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